
Demain, nous déménageons.
C’est la dernière fois
que je prends l’ascenseur pour rentrer chez nous, que je vois le Mont-Blanc depuis notre balcon, que je presse le bouton 4 pour arriver à notre étage, que je peste contre ce lave-vaisselle qui ne fonctionne pas bien, que je cuisine sur des plaques de cuisson avec des boutons non tactiles, que je regarde notre plafond en me souvenant que Jules y avait lancé de la compote, que j’entends le samedi matin la tondeuse à gazon du voisin en été, que je mets Tom au lit pendant que nous restons avec les copains pour un apéro prolongé dans l’appartement des voisins, que j’enlève la poussière des ventilateurs des salles de bain, que je me cogne contre ces poignées de meuble de cuisine trop pointues, que je croise la petite dame âgée qui nous parle toujours trop longtemps à notre goût, que si j’oublie mes clés je sonne chez nos voisins/amis pour qu’il m’ouvre, que je change Tom sur cette table à langer murale, que je papote à l’improviste avec une copine au parc, que je dérange le concierge pour recharger notre carte de lessive, que je regarde ce mur jaune en me demandant « Pourquoi? », que nous prenons nos vélos pour aller voir les canards, que je dis aux enfants de ne pas sauter car il y a des voisins en dessous, que je regarde par le balcon pour voir mes enfants à la place de jeux avec mon homme, que je les mets les 4 dans cette baignoire, que je descends chez le pédiatre pieds nus car il est dans le même immeuble, que je vais chercher les enfants à l’école à deux pas de chez nous, que Tom se cache dans l’armoire murale, que je vois les fissures de notre appartement, que je regarde les toits des maisons depuis notre fenêtre, que je m’énerve sur la fermeture de nos stores qui coulissent, que je marche dans ce corridor ou Charles et Tom ont fait leurs premiers pas, que je dis à Louise que oui elle peut aller sonner chez sa copine juste là en bas, que je fais mes lessives tous les mardis avec 5 machines, que nous sommes tous au même étage, que j’ai peur qu’un de mes enfants tombe du balcon, que nous sommes à l’étroit pour accueillir 10 personnes chez nous, que je vais chercher du sucre, des oeufs ou je ne sais quoi chez les voisins, que j’échange quelques mots de bon matin avec ma copine de palier et que nos garçons jouent à l’improviste ensemble, que je glisse la clé dans cette serrure et que je m’énerve contre ce corridor trop étroit, que je vous écris depuis ici, que l’on fait une partie de cache-cache ici, que je nettoie les cadres de portes ou Louise se mesurait, que je me lève dans cet appartement qui a vu grandir nos enfants et dans lequel on a vécu des merveilleux moments.
Demain, nous déménageons. Il n’y a pas un endroit de cet appartement qui ne me rappelle pas un souvenir. Je ne peux m’empêcher d’être nostalgique.
Demain, nous commençons une nouvelle vie et il y aura plein de première fois.
A demain.